Ce voyage, nous n’y croyions plus. Depuis deux ans et demi, c’était une chimère. La pandémie a interrompu les séjours bi-annuels qui existaient depuis 19 ans, qui ont permis de tisser un vrai lien avec les habitants et de trouver une place parmi eux.
Cette intégration qui a pris des années, est essentielle pour aider au mieux les familles sur place. Nous partons de leurs besoins, de leurs manques et en aucun cas nous n’imposons les projets. Ils sont élaborés avec les habitants et les membres du Comité Populaire, à partir de la situation du moment. Nous discutons ensemble des solutions possibles, en tenant compte de la culture, du mode de vie, que nous avons peu à peu intégrées.
Je connais chaque enfant parrainé et aujourd’hui j’apprends à connaître leurs enfants. De « mẹ » (maman) suis devenue parfois « bà nội » (grand-mère paternelle) ou « bà ngoại » (grand-mère maternelle). Et cette constance, cette pérennité dans les relations, est très appréciée et par les habitants et par les instances gouvernementales qui comprennent que notre intérêt pour le bien-être des enfants de TAN THOI est sincère et réel.
Comment continuer à s’imprégner de la culture, comment garder le lien, quand les avions ne décollent plus, quand les peaux ne peuvent plus se toucher et les regards se croiser ? Comment être avec eux sans partager la pluie des moussons, les chants funèbres qui durent des nuits entières, et l’inquiétude d’une mère devant son enfant malade ?
Bien sûr et heureusement, il y a internet qui a permis de garder le lien, pendant ces deux années et demi d’exil imposé. En étant connectés jour et nuit, avec Thoai, nous avons pu suivre l’épisode COVID et ses effets dévastateurs sur le quotidien des familles et ainsi grâce à une formidable solidarité des parrains mettre en place des actions contre la faim.
Nous avons été informés des mariages, des décès, des naissances… Tous ces évènements qui jalonnent la vie. Mais nous n’avons pu les partager qu’avec les mots… Il est un moment où dire » je pense à toi » « je suis à tes côtés », « je comprends ton chagrin » ne suffit plus. Et c’est sans doute cela qui a été le plus difficile pendant ces 30 longs mois, garder le lien intact, tel qu’il était avant la pandémie..
Nous sommes partis heureux et inquiets aussi. Est-ce que cette si longue absence aurait modifié les liens ? Allions nous retrouver la fluidité des échanges, la simplicité de notre vie commune ?
Pousse-Pousse avait elle encore sa place ?
- 3 jours à SAIGON
Dés notre arrivée à l’aéroport TANT SON NHAT, la chaleur moite, le bruit des klaxons, les voix hautes, tout était là pour nous dire « vous y êtes, enfin ».
Nous avons passé deux jours à arpenter les rues du quartier 5 pour chercher les cadeaux que les parrains nous avaient demander d’acheter aux filleuls à nous faufiler au marché chinois, entre les étales colorés d’épices, accompagnés par les odeurs de poissons séchés, les cris des vendeurs et cette chaleur lourde, étouffante qui vous colle à la peau dès l’aube.
Le 3ème jour nous avons déambulé au quartier 1, dans les librairies, en quête de livres pour les enfants de tous âges.
Ce quartier est le miroir aux alouettes offert aux touristes. Un boulevard immense, bruyant, bordé par des magasins de luxe, véritable gifle aux enfants démunis , dénutris que nous connaissons.
Saigon la belle, Saigon la folle, Saigon ville de toutes les démesures. Il était déjà grand temps de rentrer à TAN THOI.
En savoir plus sur Pousse-Pousse
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
0 commentaire