Le 3ème jour, dès 6h le matin, des enfants arrivent, déjà. Certains avec leur père ou leur mère, d’autres une grand-mère, beaucoup viendront seuls : le COVID a éclaté la cellule familiale, ou ce qu’il en restait. Le taux d’abandon d’enfant est en nette augmentation ; les parents sont partis chercher de quoi survivre en ville et ne sont pas revenus… ou reviendront peut-être à l’occasion de la fête du TET.
Certains arrivent à pied, d’autres à vélos et d’autres encore à deux ou trois sur le scooter d’un voisin. Ils se sont mis tout beaux, comme pour un jour de fête.
Les enfants que nous n’avons jamais rencontrés sont hésitants et s’avancent doucement. Les autres sautillent et marchent avec assurance. Leurs yeux cernés disent la faim, les nuits mauvaises aussi.
Nous distribuons les feuilles à compléter et des stylos. Beaucoup de parents ne savent pas écrire, certains enfants sont trop petits, alors c’est la solidarité qui fonctionne. Le plus difficile, souvent pour les mamans, est de communiquer la date de naissance de leur enfant et il arrive que d’une fois sur l’autre elle change.
A chacun de nos séjours, il est important refaire le point sur la situation de chaque enfant afin d’adapter notre aide et notre suivi.
Nous accueillons ensuite les enfants, un par un. Pendant ce temps les autres jouent avec des jeux à leur disposition… souvent avec les parrains marraines qui nous accompagnent.
Les enfants sont souvent intimidés, il est important d’entamer le dialogue le plus doucement possible, sans paraître inquisiteur. Après les questions portant sur l’âge, la classe, on aborde les loisirs (beaucoup n’en ont pas), les occupations après la classe, comment va le petit frère ou la petite sœur qui vient de naître.
Puis l’enfant reçoit le courrier de son parrain (ou de sa marraine), le petit cadeau, une peluche, le kit scolaire et des produits d’hygiène. Et puis c’est le moment de prendre des photos pour les parrains, avec le courrier (quand il y en a) et les cadeaux, le vélo…
On ne redira jamais assez l’importance du courrier. Les parrains marraines qui sont présents peuvent en témoigner : les enfants attendent avec impatience la lettre, qui vient lui dire « je pense à toi, tu es important pour moi, tu as une place dans ma vie ».
J’ai vu des enfants revenir les jours suivants, à plusieurs reprises, parfois après avoir parcouru 3 ou 4 kms à pieds, afin de demander encore une fois, si la lettre qui lui était destinée a été retrouvée. Il n’est pas concevable pour eux qu’il n’y ait pas de courrier.
La lettre c’est ce qui fait le lien. L’argent du parrainage est versé par son parrain ou sa marraine, nominativement et le courrier vient mettre des mots sur ce don.
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